NOS OBJECTIFS
En France, comme ailleurs, un désir de changement radical guide chaque jour de nouvelles personnes vers des projets collectifs. Transition, Alternatives, Insoumission, Solidarité, Autonomie sont les grands mots du moment, employés à tort et à travers. Leur omniprésence suggère néanmoins une chose : une envie confuse mais croissante de mener une vie socialement utile, écologiquement responsable et politiquement combative. C'est pour soutenir ces envies qu'est née la Foncière Antidote.
Acquérir du foncier pour des projets collectifs
Ces projets et ces désirs ont besoin de lieux pour s'épanouir. Or il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir acquérir un immeuble, un commerce ou une ferme. Pour que la transition ou les alternatives ne soient pas le privilège d'une élite en rupture avec son milieu social ou d'un mouvement minoritaire fermé, nous avons besoin de structures solidaires qui s'emparent massivement de cette question de la propriété des lieux collectifs.
C'est ce que se propose de faire Antidote.
Par une collecte de dons dédiée, la Foncière Antidote se rend acquéreuse du lieu choisi par un collectif. Ce dernier est associé à la collecte, par la mise à contribution de son réseau et une campagne de mobilisation locale. En complément, la Foncière Antidote peut mobiliser son réseau de donateur·rices ou les ressources issues de Fondations partenaires. Les inégalités financières entre les collectifs sont donc atténuées par le recours à une large base de soutien. Une fois le lieu acheté, Antidote le met à la disposition d'une association usagère (nommé Association des lieux) via un bail emphytéotique (d'une durée de 30 à 99 ans).
Les critères définissant les projets que nous soutenons tiennent en peu de mots :
- Dimension collective avec gestion commune et égalitaire
- Ouverture sur l'environnement local par des activités d'intérêt général (production, services, lien social, animation culturelle...) renforçant l'autonomie matérielle, l'émancipation intellectuelle et participant à une société soutenable
- Reconnaissance dans les valeurs défendues par Antidote
En définitive, l'adhésion d'un collectif à Antidote passe essentiellement par des liens humains. Elle ne peut être confirmée que par l'accord UNANIME de l'ensemble des membres.
User sans posséder
La Foncière Antidote est légalement la propriétaire des lieux qu'elle a acquis directement ou qui lui ont été cédés par donations ou legs. Elle détient en effet les titres de propriété, soigneusement rangés dans ses archives. Cependant, elle s'est volontairement privée de la plupart des attributs du propriétaire au profit des Associations des lieux, grâce à la signature d'un bail emphytéotique qui confère des droits réels aux usager·ères.
Les Associations des lieux sont ainsi libres d'organiser comme elles l'entendent les activités et usages sur le lieu ou de procéder à tous types de travaux et aménagements qu'elles jugent nécessaire. Même la charge des impôts foncier leur revient. Leurs seules obligations vis-à-vis d'Antidote sont de respecter les termes du bail, le cadre de de l'intérêt général et de s'acquitter d'un loyer symbolique.
Ce qu'elles ne peuvent pas faire se résume en trois points principaux :
- Dégrader le lieu
- Vendre le lieu
- Détourner de sa vocation originelle (tel que définie par les termes du bail)
La Foncière Antidote n'a pas la prétention d'abolir pas la propriété foncière. Néanmoins, son fonctionnement permet de faire disparaître la figure du « propriétaire » en diluant sa fonction dans une organisation plurielle.
Constituer un archipel commun
L'ensemble des lieux collectifs regroupés sous l'égide d'Antidote constitue un archipel commun. En ce sens que ces lieux, éparpillés sur le territoire français, entretiennent des liens primordiaux, non hiérarchisés, de par leur filiation avec Antidote. Chaque Association des lieux est en effet partie prenante à égalité dans la gestion de la Foncière, par l'envoi de délégué·es dans l'instance qui la pilote (voir Notre fonctionnement)
Notre modèle de l'archipel est riche d'une ambition : la rencontre de l'héritage auto-gestionnaire et des thèses récentes autour des « communs ». Si le patrimoine d'Antidote n'est pas à proprement parler un commun, au sens où l'entendent les universitaires (généralement une ressource du type forêt, pâturage, réserve de pêche... gérée par une communauté d'utilisateur·rices), nous avons retrouvé dans ces travaux des principes que nous partageons : participation des membres à la modification des règles, logique de conformation aux bons usages plutôt que logique de sanction des mauvais, instance interne de résolution de conflit…
Fédérer, Échanger, Essaimer
La vocation d'Antidote dépasse son utilité matérielle. Elle est de redonner de la vitalité et du sens aux concepts de commun et de communauté.
En fédérant des collectifs, à travers le pays, la Foncière créé en effet des solidarités à plusieurs niveaux et participe d'une culture coopérative (matérielle, économique, intellectuelle, technique...) indispensable pour dépasser les paradoxes de la société productiviste et individualiste.
En rapprochant des individus venus d'horizons et de cultures politiques différents, elle favorise le dialogue et l'ouverture nécessaire pour considérer les débats à l'intérieur des mouvements anti-capitalistes comme des potentialités enrichissantes plus que comme des facteurs de divisions.
En tant que structure auto-organisée à l'échelle nationale, fondée sur des principes égalitaires (autonomie et souveraineté de la base, rotation des charges, veille sur les dominations systémiques...) et des liens personnels privilégiés, elle offre un modèle politique qui préfigure une société basée sur l'association intégrale et non plus sur la compétition généralisée.
Un modèle qui doit essaimer, se réinventer, partout.
Nous y travaillerons.